L’exposome, un « continent immense à décrire »

Avril 2022

L’exposome, concept scientifique récent, est au cœur du travail de l'étude E3N-Générations : il s’agit d’étudier la multitude de facteurs modifiables qui influencent notre santé, allant des polluants, aux comportements, en passant par les inégalités sociales ou géographiques.

Notre équipe de recherche Inserm, en charge de la cohorte, a d’ailleurs récemment changé de nom pour s’appeler « Exposome et hérédité ». Notre directeur scientifique était récemment interviewé dans l’émission La méthode scientifique, sur France culture, pour expliquer ce qui se cache derrière cette notion, inventée en 2005 par le scientifique Chris Wild, ancien directeur du Centre international de recherches sur le cancer.

Au micro du journaliste Nicolas Martin, le responsable scientifique de l’étude E3N-Générations a raconté le contexte dans lequel est né ce concept d’exposome, qui se voulait l’équivalent du génome. La connaissance du génome, ensemble de nos gènes, avait fait des progrès immenses grâce à des investissements massifs et des avancées technologiques remarquables et il semblait utile de rappeler à la communauté scientifique que les déterminants génétiques étaient incapables à eux seuls d’expliquer les grandes maladies chroniques, comme le cancer, le diabète ou les maladies cardio-vasculaires.

Méthodes

Derrière ce terme, il y a une prise de conscience de la complexité des facteurs expliquant les maladies chroniques et donc de la nécessité d'utiliser des méthodes capables d'en rendre compte, à la hauteur des efforts faits pour comprendre le génome. Et c’est un « continent immense à décrire », expliquent les chercheurs interrogés dans l’émission : il comprend l’environnement externe auquel nous sommes exposés, couvrant des éléments aussi divers que la pollution de l’air, de l’eau, le bruit et l’environnement socio-économique, mais aussi l’environnement interne de notre corps, où les différentes expositions laissent une empreinte chimique : polluants, marqueurs du stress, métabolites divers, etc. Les échantillons de sang, de salive ou autres échantillons biologiques donnés par les participants de la cohorte sont à ce titre particulièrement précieux pour étudier l’environnement interne, souligne Gianluca Severi, tandis que des bracelets en silicone peuvent être utilisés par exemple pour capter des polluants dans l’air.

La complexité du tableau est encore accrue par les changements possibles de ces expositions au cours de la vie des individus et le fait qu’à certains âges de la vie (notamment la petite enfance ou la vie fœtale) nous sommes plus sensibles. « On a de plus en plus de preuves d’effets transgénérationnels », ajoute Gianluca Severi. D’où l’intérêt tout particulier d’une cohorte familiale comme la nôtre, pour comprendre comment certains polluants ou facteurs de risque auquel un parent a été exposé, peut influencer la santé de ses enfants.

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