Montres connectées : premiers chiffres

Montre conntectée

Janvier 2022

Près de 500 participants contribuent depuis plus de 6 mois à notre projet pilote Montre connectée, sur l’activité physique et le sommeil, et nous les en remercions vivement. Les analyses scientifiques sont en cours et il faudra encore patienter avant la publication de ces résultats. En attendant, voici quelques chiffres bruts pour satisfaire la curiosité que suscite ce projet novateur.

 

Des participants motivés

 

79 %

des jours depuis 6 mois : c’est la proportion des jours où les participants ont porté leur montre, en moyenne

 « Ce qui m’a le plus surprise dans cette étude, c’est l’assiduité, la motivation des participants. Je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’ils portent autant la montre et soient si motivés pour la synchronisation régulière. »

Doua El Fatouhi, chercheuse en charge du projet Montre connectée

Des variations importantes dans le temps

 

7047

pas quotidiens… en moyenne. Le record est de 66905 pas en un jour… nous suspectons un ultramarathon !

Entre le pic d’août et le creux de décembre, le nombre de pas moyen décroît de 1000 pas, une baisse de 14 % (voir le graphique ci-dessous). La saison influence probablement nos sorties par la météo et la durée d’ensoleillement, mais pas seulement. Nos habitudes de marche sont imbriquées dans notre quotidien et les vacances d'été semblent favoriser particulièrement la marche. 

Variation au fil des mois du nombre de pas moyen quotidien - Etude E3N-E4N

Les contraintes des obligations quotidiennes expliquent probablement aussi les écarts entre la semaine et le weekend. L’activité professionnelle pousse sans doute certains à réserver leurs sorties actives au weekend. Le graphique suivant montre toutefois que cet écart (655 pas de plus en juin le week-end, par rapport à la semaine, soit 10 %) tend à disparaître au mois d’août, où les habitudes de semaine semblent rejoindre celles du weekend. C’est aussi le cas en à l'approche de l'hiver, peut-être parce que la météo et la durée d’ensoleillement sont moins propices à ces activités du weekend.

Ecart entre semaine et week-end - Nombre de pas moyen quotidien - Etude E3N-E4N

Ces variations importantes dans le temps justifient en partie l'intérêt d'une étude s'appuyant sur un appareil de mesure et se prolongeant sur plusieurs mois : difficile de mémoriser et de rapporter toutes ces nuances dans un questionnaire.

C'est aussi pourquoi nous vous encourageons fortement à poursuivre l'étude encore quelques mois pour que les données reflètent l'année complète.

Objectif : 150 minutes d’activités modérées à vigoureuses par semaine

C’est la recommandation que fait l’Organisation mondiale de la Santé. La montre donne une mesure du temps consacré à des activités physiques d’intensité modérée à vigoureuse (avec certaines limites pour la mesure des activités « non ambulatoires », comme la musculation ou le vélo, voir « Les limites de l’outil », ci-dessous)

Il peut être intéressant de voir si les participants parviennent à suivre cette recommandation.

Le graphique suivant montre le pourcentage des participants qui dépassent les 150 minutes hebdomadaires. Au fil des semaines, cette part varie de 60 % à 77 % des participants.  Ces moyennes sont proches des estimations de l’OMS qui indiquent que 72 à 75% des adultes dans le monde suivraient les recommandations.

Participants suivant les recommandations - Nombre de pas moyen quotidien - Etude E3N-E4N

NB : ces chiffres excluent du calcul, pour une semaine donnée, les participants qui ne présentent pas une mesure pour chaque jour de la semaine (par exemple si la synchronisation a mal fonctionné sur un ou plusieurs jours ou si la montre n’a pas été portée certains jours).

Différences selon l'âge et le sexe

Les graphiques suivants montrent comment le nombre de pas quotidien moyen varie en fonction de l’âge et du sexe dans notre échantillon de quelque 500 personnes.

Nombre de pas moyen quotidien selon l'âge - Etude E3N-E4N

 

Nombre de pas moyen quotidien selon le sexe - Etude E3N-E4N

Un projet pilote qui remplit sa fonction !

Nous avions essayé d'en appeler à votre indulgence dès le début du projet : il s'agissait pour nous d'un projet pilote, un test auprès d'un échantillon de quelques centaines de participants sur les 20 000 participants de la deuxième génération de notre étude familiale. Travailler avec des outils connectés était une première et nous avons rencontré bien des difficultés... qui sont autant de leçons pour l'avenir. Elles seront précieuses, car nous avons pour objectif d'élargir au sein de notre cohorte l'utilisation d'objets connectés et plus largement de méthodes innovantes en épidémiologie.

Il y a eu les piles en fin de vie, les montres qui ne donnent pas l'heure, les pertes de colis (et même un blocage aux douanes), et plus tard les pertes de montres.

Comme le circuit des données va de votre montre, au smartphone, aux serveurs de l'entreprise Withings, pour enfin arriver chez nous, nous avons pu tester – et la plupart du temps, appris à lever – les blocages à chacune de ces étapes. Notre interface de récupération de données, en théorie prête, a dysfonctionné du fait de la quantité croissante de données et elle a dû être adaptée.

Pour l'avenir, nous avons donc engrangé des conseils et solutions pour dépanner beaucoup de blocages, une meilleure interface de récupération des données, un stock de piles, une procédure en place pour récupérer tester renvoyer les montres défectueuses, un contrat plus complet avec la poste. 

Il n'y a pas que le sport qui fait bouger

L'avez-vous remarqué ? De nombreuses activités augmentent le nombre de pas, du ménage aux courses, en passant par les déplacements (à pied, mais aussi en transport en commun). Les chercheurs s'intéressent à l'activité physique en général, plus qu'au sport seul qui correspond à un type d’activité physique de loisir, souvent dans un but de compétition ou de performance, mais qui ne représente finalement qu'une portion de l'activité physique quotidienne. C'est pourquoi nos questionnaires vous interrogent aussi bien sur vos habitudes de marche, de vélo, de sport, que sur le temps consacré au ménage, au jardinage, au bricolage ou toute autre activité qui vous fait bouger.

Les limites de l’outil

Comme dans tous projets scientifiques, la méthode utilisée vient avec ses limites, l’important étant d’en avoir conscience pour en tenir compte dans l’interprétation des résultats.

  • Pas de vélo ni de yoga
  • Des nuits raccourcies
  • « L’effet montre »
  • Un nombre de pas différent d’un outil de mesure à l’autre

1 La montre ne mesure pas de nombreuses activités comme le vélo, le yoga ou d’autres activités sportives, car elle est conçue pour s’appuyer sur la détection de certains mouvements réguliers associés à la marche, la course ou la natation. Pour compenser, la chercheuse tiendra compte des réponses données dans vos questionnaires concernant le vélo et autres sports.

 2 La mesure du sommeil est imparfaite. D’abord, certains temps immobiles de lecture en fin de soirée peuvent être interprétés comme du sommeil et les siestes ne sont pas systématiquement détectées. Plus gênant, certains d’entre vous nous ont rapporté des nuits raccourcies de plusieurs heures. Ces aberrations sont difficiles à corriger, nous pouvons faire des corrections quand vous avez eu le temps d’indiquer l’erreur en commentaire. Les chercheurs peuvent aussi exclure les nuits ou les périodes les plus anormales, mais c’est une limite importante pour le volet sommeil de l’étude.

3 Faire partie d’une étude sur l’activité physique et lire quotidiennement ses données d’activité peut modifier partiellement les comportements des participants. C’est « l’effet montre », une limite commune à d’autres études semblables.

4 Le calcul du nombre de pas diffère de celui d’autres outils, comme les smartphones. Beaucoup d’entre vous ont noté ces écarts, notamment parce que les algorithmes interprétant vos mouvements pour évaluer le nombre de pas cumulés diffèrent selon la marque.

 Les écarts sont attendus et, puisque nos participants utilisent quasiment tous la même montre, cela ne gênera pas vraiment les analyses. En tout cas, soyez rassurés, les montres et bracelets Withings, comme ceux d’autres marques disponibles dans le commerce (ex : Fitbit, Apple, Garmin), ont bien été validés par diverses études qui les ont comparés aux méthodes de référence pour compter les pas.

LES ANALYSES SCIENTIFIQUES

Ces quelques graphiques sont descriptifs. Ce qu'ils montrent n'est pas au cœur de l'étude scientifique, qui exigera un travail statistique plus sophistiqué, mais ils reflètent des habitudes parfois bien documentées ailleurs et nous espérons qu'ils vous intéresseront en attendant les résultats de l'étude, plus longs à élaborer.

Comparer l’intérêt des montres aux questionnaires

Ces données permettront une grande variété d’analyses. Leurs forces, comparées à des réponses à des questionnaires, sont nombreuses. D’abord, les montres ou bracelets connectés prennent des mesures plus objectives et évitent les biais de mémoire. Par exemple, ces appareils apportent des informations sur les activités physiques d’intensité légère ou les activités sédentaires qui sont très souvent sous-estimées dans les questionnaires : spontanées, moins programmées, elles sont plus faciles à oublier.

Une autre force est le grand nombre de mesures, par semaine sur plusieurs mois, qui fait ressortir une variation importante de l’activité au fil du temps.  Ces données nous permettront donc de documenter plus précisément les variations de comportements (activité physique, sédentarité et sommeil) au cours du temps : notamment selon les jours de semaine et ceux du weekend, et selon la saison.

Identifier des profils types

Cette étude permettra également d’identifier les différents profils d’activité physique, qui décriront la quantité mais aussi la régularité des pratiques actives. Ce travail peut distinguer par exemple des personnes actives régulièrement toute la semaine, d’autres ayant une activité équivalente, mais qui résulte en fait de pics d’activité alternés avec des périodes longues de sédentarité. Les chercheurs ont encore peu de données adaptées pour distinguer dans les effets bénéfiques de l’activité physique sur la santé, ce qui relève de la quantité ou plutôt de la régularité. Le comprendre permettra d’imaginer des programmes de promotion de l’activité physique mieux adaptés aux caractéristiques des personnes et des saisons.

Par la suite, plusieurs questions pourront être étudiées, notamment :

  • Les caractéristiques socio-démographiques de ces profils
  • La variation saisonnière éventuelle des profils
  • Les associations de ces profils avec le moral, à partir de vos réponses aux questionnaires (ex : symptômes anxieux)
  • Les profils spécifiques associés à des antécédents de maladie, en particulier cancer du sein et diabète

Les études mesurant l’activité physique et le sommeil avec des appareils pendant plusieurs mois sont rares. Grâce à l'assiduité et les efforts des participants, cette étude nous permettra de fournir sans aucun doute des résultats inédits et novateurs.

Avez-vous aimé cette infolettre ?

C’est notre première et nous souhaitons renouveler cet exercice plus régulièrement. Alors n’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires et suggestions par mail à l’adresse habituelle contact@e3n-generations.fr