Corpulence et risque de diabète

Février 2010
L’obésité et l’augmentation de poids chez l’adulte sont considérées comme les facteurs de risque les plus importants du diabète de type 2. Un petit poids de naissance est également associé à un risque accru de diabète. Les chercheurs de l’équipe E3N se sont penchés sur l’association entre le risque de diabète survenant à l’âge adulte et l’évolution de la corpulence depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte.
Le diabète : une maladie silencieuse
Le diabète est provoqué par un taux élevé de glucose dans le sang, dû à une destruction progressive des cellules du pancréas qui produisent l’insuline (diabète de type 1) ou à des mécanismes de résistance à l’action de l’insuline (diabète de type 2). Cette maladie chronique apparaît progressivement et insidieusement à l'âge adulte et nécessite de contrôler, parfois 4 fois par jour, sa glycémie c'est-à-dire son taux de sucre dans le sang.
En France, le diabète touche plus de 3 millions de personnes. 90 % sont atteintes par le diabète de ''type 2''. Parmi elles, 800 000 personnes ne se soignent pas parce qu’elles ne se savent pas malades. A travers le monde, on recense près de 400 millions de diabétiques. En 2035, ils seront près de 600 millions soit 10 fois l'ensemble de la population française !
Pourquoi une telle augmentation ? En raison des effets collatéraux de notre mode de vie moderne : surpoids, sédentarité et tabagisme sont des facteurs de risques avérés du diabète de type 2. Le projet E3N s'attelle à identifier tous ces facteurs de risques car la prévention est le seul moyen d'enrayer l'essor de la maladie.
Environ 13 % des personnes diabétiques âgées entre 55 à 74 ans ne sont pas diagnostiquées en France. Or, une concentration élevée de sucre dans le sang entraîne des complications graves, survenant souvent 10 à 20 ans plus tard, liées à l’altération des artères et des micro-vaisseaux du cœur mais aussi des reins, de la rétine et des nerfs. Le diabète est ainsi à l’origine d’infarctus du muscle cardiaque, d'AVC, d'insuffisance rénale, de cécité, mais aussi de l'asphyxie des tissus des membres inférieurs pouvant mener à l'amputation !
Un risque qui varie avec la silhouette
Au cours des 15 années de suivi de la cohorte E3N entre 1990 et 2005, parmi les 91 447 femmes non diabétiques, 2 530 ont développé un diabète.
Le risque de développer un diabète était associé à un petit poids de naissance (risque relatif ou RR = 1,4). Par ailleurs, en comparaison avec les femmes qui ont maintenu une silhouette normale de l’enfance à l’âge adulte, les femmes qui ont toujours été très minces présentaient un risque plus faible de développer un diabète à l’âge adulte (RR = 0,5).
Au contraire, celles qui étaient « rondes » durant l’enfance (RR = 1,9), ainsi que celles qui sont passées d’une silhouette très mince durant l’enfance à une silhouette corpulente à l’âge adulte (RR = 4,6), étaient à plus fort risque de développer un diabète à l’âge adulte.
Faible poids de naissance : enfant à surveiller…
Des études ont montré qu’un faible poids de naissance est associé à la survenue d´un diabète ou d´une intolérance au glucose à l´âge adulte. Explication avancée : les phases de carence alimentaire durant la période fœtale perturbent le développement et la maturation des cellules bêta secrétant l’insuline, d’où l’apparition de problèmes dès que la nourriture devient abondante…
L’étude E3N montre en outre que le "rattrapage" du poids au début de la vie adulte est un facteur de risque important dans la survenue du diabète à l’âge adulte.
Conclusion
Les jeunes femmes qui étaient des nouveau-nés, des enfants ou des adolescentes plutôt maigres, doivent être particulièrement vigilantes à ne pas prendre trop de poids ! Plus généralement, le maintien d’un poids optimal au cours de la vie et ce, dès l’enfance, est recommandé afin de prévenir le risque de diabète et des pathologies liées au surpoids.
Référence bibliographique :