Portrait de la première génération
La première génération de la cohorte familiale E3N-Générations est formée :
- des femmes participantes à l’étude E3N : les femmes G1
- des pères biologiques de leurs enfants : les hommes G1
On compte environ 100 000 femmes G1, incluses en 1990. Les hommes G1, recrutés entre 2014 et 2025 sont presque 18 000 à participer.
La constitution de cette cohorte d’hommes et de femmes de plus de 60 ans nous permet d’entreprendre des études sur les facteurs liés aux principales maladies chroniques, mais également sur ceux associés au « bien vieillir ».
Les femmes G1
L'étude d'origine E3N s'appuie sur une cohorte de 98 998 femmes françaises, nées entre 1925 et 1950, qui ont été sollicitées en 1990 parmi les adhérentes de la Mutuelle Générale de l’Éducation Nationale (MGEN) et ont accepté de participer à cette grande aventure scientifique.
La participation à l'étude E3N
E3N a débuté en juin 1990. À cette date, une invitation à participer à l'étude a été adressée aux 500 000 femmes adhérentes de la MGEN, résidant en France métropolitaine et âgées de 40 à 65 ans. L'invitation indiquait que l'étude durerait au moins 10 ans et que les participantes auraient à répondre régulièrement à des questionnaires sur leur mode de vie et leur état de santé.
Environ 20 % des personnes sollicitées acceptèrent de se porter volontaires en nous retournant le premier questionnaire rempli, accompagné de leur accord de participation. 98 995 femmes ont rejoint la cohorte E3N en 1990.
Les caractéristiques des femmes G1
Répartition géographique
À partir des adresses postales des femmes G1, des géomaticiens ont développé une carte de répartition géographique des femmes à l’inclusion dans l’étude.

En 1990, la population des femmes G1 est majoritairement urbaine. On peut voir l’importance de la région Ile-de-France (notamment Paris et les Yvelines) et des départements autour des villes de Lyon (Rhône), Marseille (Bouches-du-Rhône) et de Lille (Nord).
Avec la mise à jour régulière des adresses de résidence, l'équipe a pu suivre les lieux d'habitation des femmes G1 au fil du temps.
Entre 1990 et 2014, la dynamique géographique semble la suivante : les femmes G1 quittent les centres urbains pour s’installer sur les littoraux (méditerranéen ou atlantique) ou dans des zones rurales.
Âge et anthropométrie à l'inclusion
L'âge moyen des femmes G1 au moment de l'entrée dans l'étude E3N, en 1990, était de 49 ans.
Leur taille moyenne était de 1,62 m et leur poids moyen de 59 kg. Ces moyennes recouvrent naturellement de grandes variabilités. Ainsi les tailles s'étalent de moins de 1,40 m à plus de 1,85 m et les poids, de moins de 40 kg à plus de 90 kg.
À l’inclusion, 75 % des femmes G1 avaient un indice de masse corporelle normal, 14 % étaient en surpoids, 4 % maigres et 2 % obèses.
Vie hormonale
L'âge moyen à la puberté était de 13 ans, sachant que 19 % des volontaires ont eu leurs premières règles avant 11 ans, 70 % entre 12 et 14 ans, et 11 % après 15 ans.
12 % des participantes n'ont pas eu d’enfants et 8 % n’ont jamais été enceintes. L'âge moyen des femmes G1 à la première grossesse était de 25 ans. 58 % des femmes G1 ont eu 1 ou 2 enfants, 29 % ont eu 3 enfants ou plus.
Le seuil de 2,1 enfants par femme correspond au taux de renouvellement des générations. On observe qu’à Paris et en Ile-de-France les femmes G1 ont moins d’enfants qu’en Bretagne, Normandie ou dans les départements du Nord et de l’Est.
En ce qui concerne les méthodes contraceptives, 55 % des femmes G1 déclarent avoir utilisé la pilule (44 % pour les moins de 45 ans, 10 % pour les femmes de 55 ans et plus). La pilule ayant été commercialisée en 1967, certaines participantes ont de ce fait pu l'utiliser plus longtemps que d'autres.
À l’inclusion, 40 % des femmes G1 étaient ménopausées. L'âge de la ménopause se situe autour de 50 ans. 63 % des femmes ont pris un traitement hormonal de la ménopause.
Études
Le niveau d'éducation des femmes G1 est élevé, comparativement à celui des femmes françaises de la même tranche d'âge : 80 % des femmes G1 de la cohorte ont au moins le baccalauréat contre 39% dans la population générale.
Pas d'études | 0,9 % |
Certificat | 4,5 % |
BEPC - CAP | 9,3 % |
Bac/Bac +2 | 48,7 % |
Bac +3 / Bac +4 | 17,8 % |
Bac +5 ou plus | 18,8 % |
Mode de vie
À l’inclusion, parmi les 99 % de femmes ayant répondu à la question sur la marche à pied quotidienne : 37 % des femmes G1 parcouraient moins de 500 mètres à pied par jour, 49 % marchaient entre 500 mètres et 2 kilomètres, tandis que 13 % parcouraient plus de 2 kilomètres à pied quotidiennement.
En 1990, 15 % des femmes G1 étaient fumeuses, 31 % des anciennes fumeuses et 54 % n’avaient jamais fumé.
En 1990, parmi les 98 % de femmes ayant répondu à la question sur la consommation d’alcool : 12 % des femmes G1 ne consommaient jamais d’alcool, 47 % consommaient 1 verre ou moins de boisson alcoolisée par jour, 20 % des femmes consommaient 1 ou 2 verres par jour, 10 % 2 ou 3 verres et 9 % plus de 3 verres par jour.
Pratiques de dépistage
Les pratiques de dépistage sont fréquentes : 97 % ont déjà eu un frottis cervicovaginal et plus de la moitié en effectuent un chaque année. Elles sont 73 % à avoir pratiqué une mammographie et 21 % un test de recherche de sang dans les selles. Ces chiffres, comparés aux données européennes, indiquent que les femmes adhérentes à la MGEN sont particulièrement sensibilisées à la pratique des examens de dépistage.
Lire la description de la cohorte de femmes E3N (les femmes G1), en anglais
Les pathologies validées pour les femmes G1
Le cancer du sein est la première pathologie d’intérêt de l’étude E3N dont l’objectif initial était d’étudier les liens entre nutrition, hormones et cancer du sein chez les femmes. Cependant, grâce à la taille de la cohorte et à la longueur du suivi, les localisations cancéreuses les plus fréquentes et d'autres pathologies comme le diabète, les pathologies cardiovasculaires, les pathologies neurovasculaires ou la maladie de Parkinson, sont aujourd’hui étudiées.
Événements incidents validés | Nombre* | ≤ année |
---|---|---|
Décès | 27 812 | 2025 |
Cancers* | 30 217 | 2018 |
Sein | 11 121 | 2018 |
Peau (mélanome, spinocellulaire, basocellulaire) | 10 237 | 2018 |
Côlon-rectum | 1 767 | 2018 |
Utérus (endomètre, corps de l'utérus, col de l'utérus) | 1 270 | 2018 |
Lymphome | 841 | 2018 |
Ovaire | 701 | 2018 |
Thyroïde | 642 | 2018 |
Poumon | 612 | 2018 |
Pancréas | 497 | 2018 |
Rein | 315 | 2018 |
Vessie | 233 | 2018 |
Myélome | 213 | 2018 |
Cerveau | 152 | 2018 |
Estomac | 110 | 2018 |
Autres localisations de cancer | 1 506 | 2018 |
Asthme | 6 367 | 2005 |
Diabète | 5 922 | 2018 |
Infarctus du myocarde / revascularisation / mort subite cardiaque | 2 934 | 2010 |
Maladie de Horton / Pseudo-polyarthrite rhizomélique | 822 | 2018 |
Maladie de Parkinson | 1 200 | 2018 |
Polyarthrite rhumatoïde | 1 024 | 2018 |
* Cancers primitifs incidents, toutes localisations confondues.
L'incidence désigne le nombre de cas nouveaux d'une maladie apparus durant une période de temps donnée. Dans l’étude E3N-Générations, nous nous intéressons aux cas incidents, c’est-à-dire apparus après l’entrée dans la cohorte (1990 pour les femmes G1), afin de pouvoir étudier des associations possibles entre l’apparition de ces maladies et les différentes expositions recueillies au cours du suivi.
Quant à la prévalence, elle renseigne sur le nombre de personnes atteintes par une maladie au sein d'une population à un moment donné. Les maladies déclarées par les femmes G1 à l’entrée dans l’étude, en 1990, sont considérées comme prévalentes et sont traitées à part.
Les hommes G1
Entre 2014 et 2025, les pères des enfants des femmes G1 ont été invités à rejoindre la première génération de l’étude familiale E3N-Générations. 17 700 hommes G1 ont ainsi rejoint l’étude.
La participation à l'étude E3N-Générations
L’inclusion des pères des enfants des femmes G1 a débuté en 2014. Ils ont été sollicités grâce aux coordonnées transmises par les femmes G1.
De novembre 2014 à janvier 2025, les hommes G1 ont reçu leur premier questionnaire accompagné d’un kit salivaire. Depuis, deux questionnaires de suivi leur ont été adressés. En juin 2021, ils sont 9 477 hommes à avoir complété leur 3e questionnaire.
En 2020, des questionnaires spécifiques pour détailler les pathologies déclarées leur ont été envoyés.
Les caractéristiques des hommes G1
Âge et anthropométrie à l'inclusion
Au recrutement en 2014, l’âge moyen des hommes était de 72,6 ans.
Niveau indice de masse corporelle, au moment de leur entrée dans l’étude, 46 % des hommes G1 étaient de poids normal, 45 % étaient en surpoids et 9 % en situation d’obésité.
Études
Les hommes G1 confirment le niveau d'éducation élevé de la cohorte. En effet, 80 % des hommes ont obtenu au moins le baccalauréat. Parmi eux, 19 % ont un niveau Bac +3 ou +4 et 30 % ont un niveau Bac+5 ou davantage.
66 % des hommes G1 ont exercé une profession intellectuelle ou de cadre.
Mode de vie
Pour ce qui est de leur consommation de tabac, 29 % des hommes n’avaient jamais fumé, 64 % étaient des anciens fumeurs et 7 % étaient fumeurs, au moment de leur entrée dans l’étude.
Du côté de leur consommation d’alcool, 30 % des hommes G1 consommaient deux verres d’alcool par jour ou plus, 64 % buvaient deux verres par jour ou moins et 7 % ne buvaient pas d’alcool.
Les pathologies validées pour les hommes G1
Le travail de validation des pathologies est effectué sur les cas incidents, c’est-à-dire survenant après l’entrée dans E3N-Générations, et non prévalents. En effet, nous nous intéressons aux pathologies diagnostiquées après l’inclusion dans la cohorte (étalée entre 2014 et 2025 pour les hommes G1), afin de pouvoir étudier des associations possibles entre l’apparition des pathologies et les différentes expositions recueillies au cours du suivi.
Chez les hommes G1, le travail de validation a été effectué sur les cas de cancer déclarés et il est en cours pour les autres pathologies chroniques.
Synthèse des principales pathologies pouvant être étudiées dans la cohorte des hommes G1
(mise à jour : mai 2025)
Événements incidents validés | Nombre* | ≤ année |
---|---|---|
Décès | 3 332 | 2025 |
Cancers* | 1 588 | 2021 |
Prostate | 452 | 2021 |
Peau (mélanome, spinocellulaire, basocellulaire) | 566 | 2021 |
Côlon-rectum | 94 | 2021 |
Lymphome | 83 | 2021 |
Thyroïde | 9 | 2021 |
Poumon | 70 | 2021 |
Pancréas | 14 | 2021 |
Vessie | 127 | 2021 |
Autres localisations de cancer | 173 | 2021 |
* Cancers primitifs incidents, toutes localisations confondues.
Représentativité de la cohorte E3N-Générations
En raison du biais de recrutement des femmes G1, qui étaient toutes, en 1990, des adhérentes à la MGEN, les hommes et les femmes de la première génération de la cohorte E3N-Générations appartiennent à des catégories socioprofessionnelles particulières et plutôt élevées. De ce fait, la cohorte n'est pas représentative de la population générale française. L'évolution de l'état de santé de la cohorte, en particulier en termes d’incidence et de prévalence des principales maladies chroniques, peut donc en être notablement différente.
Toutefois, E3N-Générations étudie les relations entre une exposition à des facteurs de risque et la survenue de maladies. Une relation établie dans la cohorte E3N-Générations peut ainsi être extrapolable à une autre population. En effet, si l’on étudie, par exemple, les relations entre la consommation de tabac et le risque de cancer du sein, il n’est pas nécessaire d’avoir un échantillon représentatif de la population générale, mais de disposer d’effectifs suffisants de personnes malades ou indemnes de la maladie ayant des statuts tabagiques différents. Le nombre de participantes et participants à E3N-Générations étant considérable, la puissance statistique de l’étude est élevée.
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Nous tenons à exprimer notre gratitude à tous les volontaires de la première génération pour leur implication dans l’étude depuis son lancement et pour la qualité des données fournies.
Et nous formulons un remerciement appuyé aux femmes G1 car c’est grâce à elles que l’étude E3N a démarré en 1990 et que sa prolongation familiale, l’étude E3N-Générations, existe et se déploie depuis 2014.